Posté le 21 août 2020 dans Genève Internationale, ONU, Société | 0 commentaire
Viols d’enfants : la fin d’un sujet tabou ?

Mie Kohiyama, Marie Rabatel, Christian David

 Une actualité, initiée par des affaires récentes, a mis en avant des prédateurs célèbres et jusqu’alors impunis. Cette pédocriminalité « people » ne représente pourtant qu’un arbre qui cache la forêt. Des faits odieux sont commis, souvent plusqu’on ne le croit, à proximité de vos foyers.

Mie et Marie étaient conviées, à l’ONU, à une conférence en marge du Conseil des droits de l’homme, pour parler des droits des enfants et de la lutte contre la pédocriminalité,à l’invitation de l’ONG United Towns Agency for North-South Cooperation.

M., une enfant de 11 ans, a d’abord pris la parole, à l’invitation d’Eya Essif, secrétaire générale d’UTA. M. a travaillé l’écriture de son texte pendant trois semaines. Elle a évoqué les marques indélébiles des violences sexuelles faites aux enfants et aussi la nécessité de mieux punir les agresseurs qui, autrement, « recommencent ». Un bon résumé du continuum des violences liées à l’impunité.

marie rabatel

Marie Rabatel est  autiste. Elle intervient  intervenue et évoque la grande vulnérabilité des enfants en situation de handicap. Il est nécessaire d’initier des campagnes de prévention et d’information sur ce sujet auprès des personnes concernées. En effet, ces enfants ont quatre fois plus de risques de subir des violences sexuelles. En ce domaine, Marie évoque la situation dramatique des femmes en situation de handicap telle que l’autisme qui sont particulièrement exposées en raison notamment du manque de protection institutionnelle.Il en va de même des enfants qui,à partir de 6 ans sont accueillis aux côtés d’adultes dans le même établissement alors que c’est interdit pour des enfants sans handicap. La pédocriminalité peut se développer dans un huis clos hors de tout contrôle extérieur.Marie s’est également interrogée sur certaines pratiques institutionnelles visant à contraindre de façon systématique des jeunes filles à avoir recours à la contraception. N’est-ce pas là un agissement pour camoufler les violences sexuelles ? Les symptômes du stress post-traumatiques qui en résultent sont trop souvent mises sur le dos du handicap muselant la parole de la victime et l’impunité de l’agresseur. À leur tour, des victimes peuvent devenir agresseurs, par manque de prise en compte du trauma.

Mie kohiyama

Mie Kohiyama a rappelé que la France avait ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par l’ONU il y a 30 ans. Cette convention demande aux États d’apporter aux enfants « un cadre protecteur en prenant en considération leur caractère vulnérable ». Cependant, en France on est « loin du compte », a-t-elle souligné. L’impunité totale en matière de pédocriminalité est de mise en particulier pour les incestes : 80% des violences sexuelles sont intrafamiliales. Enfin, le scandale de l’absence de seuil d’âge de non consentement, l’échec de la loi sur les violences sexuelles et sexistes dite loi Schiappa, le combat pour introduire l’amnésie traumatique dans la loi et la nécessité de tendre vers l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs :tousces sujets restent pour l’instant sans réponse.

Mie a évoqué sa propre histoire (racontée dans un livre*)en rappelant que l’amnésie traumatique touche plus de 40% des victimes de violences sexuelles sur mineurs et qu’elle était un des « piliers de l’impunité de la pédocriminalité ». Une majorité de pays qui ont un siège aux Droits de l’homme et /ou qui se mobilisent pour les droits de l’enfant doivent mener ce combat.

Il importe également d’éveiller les parents sur l’attention soutenue qu’ils doivent porter à leurs enfants afin de détecter tout signe ou manifestation (perte d’appétit, dessin, mutisme…) qui permettrait de supposer qu’un acte ou début d’acte a été commis.

Un débat s’en est suivi avec les personnes présentes, certaines découvrant avec effarement la situation en France sur ce sujet.

fdd4c65d-416b-4ab4-af6a-13e2c9c0f1a6A l’heure où le statut quo prédomine dans bon nombre de pays sur ces questions, une intervention au sein d’une organisation telle que l’ONU, permet à toutes ces volontés de se regrouper autour de la cause et préfigure d’actions futures plus importantes.

Marie Rabatel contribue aux politiques publiques ( France – Europe ) – Experte à MIPROF ( Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et lutte contre la traite des Êtres humains )

Mie Kohiyama est présidente de Moi aussi amnésie (moiaussiamnesie.fr) et auteure du livre bouleversant :  le petit vélo blanc

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