Posté le 23 septembre 2015 dans Genève Internationale, Société | 0 commentaire
Entretien avec François Longchamp

François Longchamp, est le Président du Conseil d’Etat, République et canton de Genève. En tête  du gouvernement genevois depuis 2013, il occupe également la charge de coordonner les relations avec la Genève internationale.

Christian David

L’ONU  fêtera en octobre 2015,  le 70ème anniversaire de la création de l’ONU. Est-ce l’enfance, l’adolescence ou l’âge de raison pour cette organisation ?

A l’échelle de l’Histoire, l’ONU n’est encore qu’un nouveau-né. Nonobstant quelques velléités nationalistes ici ou là, il ne fait aucun doute que nous allons vers un monde de plus en plus interdépendant. Le besoin d’organiser, de réguler, de faciliter cette interdépendance ne peut que se renforcer et l’institution qui a la responsabilité de répondre à ce besoin devient toujours plus indispensable. A 70 ans, l’ONU a donc tout son avenir devant elle.

UN Photo/Jean-Marc Ferré

UN Photo/Jean-Marc Ferré

Pensez-vous que les parties prenantes à la conférence sur le climat qui se déroulera le mois prochain à Paris, seront enfin à la hauteur du défi et quelles pourraient en être les implications pour Genève?

J’espère de tout cœur un succès. Pour Genève, ce serait un formidable accomplissement. Je pense aux milliers de femmes et d’hommes qui s’engagent dans les institutions gouvernementales, non gouvernementales ou académiques à Genève pour alerter le public sur les conséquences des changements climatiques. Cela représente des centaines de réunions, des dizaines de rapports et, au final, des propositions concrètes pour relever cet immense défi. Une issue positive de cette conférence démontrerait en outre que, malgré les profondes divergences des intérêts à court terme, les Etats ont la sagesse de s’entendre lorsque le bien commun mondial est en jeu. Pour d’autres processus en difficulté, ce serait donc un bel encouragement qui pourrait être porteur d’un nouveau souffle.

Comment pourriez-vous définir les relations entre l’Etat hôte, la cité  et l’ONUG depuis ces 10 dernières années en termes d’évolution, de rapports entre locaux et internationaux, de moyens mis en œuvre ?

Il appartient d’abord à l’ONUG et aux autres organisations que nous accueillons de répondre, puisque nous sommes à leur service. Ce que je peux vous affirmer, c’est que les autorités suisses et genevoises ne ménagent pas leurs efforts, notamment dans le domaine de l’immobilier avec la FIPOI, de la sécurité avec la police genevoise, ou de l’accueil, avec le CAGI. La Genève internationale se développe et les moyens doivent suivre. Le parlement fédéral a d’ailleurs pris une décision en ce sens en juin dernier, en augmentant l’enveloppe budgétaire octroyée à la Genève internationale de près de 45 millions de francs pour les quatre prochaines années. Quant aux relations entre les populations locales et internationales, elles sont bonnes à défaut d’être toujours intenses. Il y a peut-être là une marge de progression. A ce propos, je tiens à rendre hommage au Directeur général de l’ONUG qui, depuis qu’il a pris ses fonctions, ne manque pas une occasion d’aller à la rencontre des Genevois.

Quel personnage placez-vous dans votre panthéon personnel et pour quelles raisons ?

Winston Churchill : un rendez-vous avec l’Histoire, une volonté, une vision, la maîtrise du verbe et de l’humour. En clair : de la grande politique !

Nous sommes le 1er octobre 2035, je vous rencontre sur la place des Nations, faisons un résumé de ce qui s’est passé depuis 20 ans.

Nous pourrons d’abord admirer un Palais des Nations rénové. Ses barrières, je l’espère, seront un peu plus perméables qu’aujourd’hui. Les Genevois n’attendront plus une journée portes-ouvertes ou l’entrainement à la course de l’Escalade pour avoir envie de s’y rendre. Ensuite, l’activité sera encore plus riche qu’aujourd’hui. La taille de la Genève internationale n’aura pas beaucoup augmenté, mais les échanges entre ses acteurs se seront intensifiés. Les organisations internationales, les ONG et les Etats partageront davantage leurs ressources pour apporter des solutions opérationnelles à des problèmes d’intérêt commun spécifiques. A mon sens, c’est cette approche, souple et pragmatique, qu’il faut privilégier dès maintenant si l’on veut dépasser les pesanteurs institutionnelles existantes et pérenniser l’impact de la coopération internationale dans le monde réel.

Comments have been disabled

eFrog Digital Design
designed by by Atelier Schnegg.