Mr. le Préfet Hubert Weigel, Secrétaire Général Adjoint Pôle Sécurité et Sûreté, occupait la responsabilité de sécuriser les abords et de coordonner toutes les forces de sécurité françaises, toutes unités confondues.
Comment avez-vous abordé la coordination de vos effectifs, quel a été votre plus grand défi ? « L’enjeu mondial, l’enjeu pour le renom de son pays, tout contribuait à rendre cet événement exceptionnel.
Notre plus grand défi était de permettre à cette conférence de se tenir dans des conditions optimales et de faire en sorte que les questions de sécurité et logistique ne viennent en rien perturber le déroulement normal des négociations mais permettent au contraire qu’elle se déroule sans être polluée par le moindre dérangement.
La capacité d’accueillir 158 chefs d’Etat dès le premier jour était une gageure, c’était le premier jour et nous savons très bien qu’il y a toujours une période de rodage. Nous avons, à cet égard, beaucoup apprécié le travail de complémentarité rencontré auprès de nos collègues de l’ONU et notamment avec Kevin O Hanlon, le chef du dispositif. Le retour d’expérience onusien, grâce au partage des connaissances relatives aux conventions de travail mises en place à Varsovie, ou à Lima lors des précédentes COP nous ont été plus qu’utiles.
La préparation pour la coordination de tous les services français s’est déroulée sur une période d’une année. Nous avons procédé par groupes de travail thématiques qui avaient pour but de rassembler des services différents pour, d’une part, présenter les enjeux de la conférence et, d’autre part, la nécessite de travailler en parfaite coordination. Ainsi, lorsque l’évènement a commencé, tout le monde connaissait parfaitement son rôle, la fonction des autres partenaires et les raisons détaillées pour lesquelles ils travaillaient.
Le PC Opérationnel (PCO) qui a été structuré ici constituait justement l’illustration de la mise en commun de tous ces services avec lesquels nous avions préparé l’événement.
Dans cet espace, jouxtant une extrémité des bâtiments de ce vaste complexe de 16000 m2, étaient réunies les forces de secours de 3 grands services : Police, secours et renseignement. Ces trois groupes ont été constitués intégrant les spécialistes qui disposent de la plus grande légitimité dans leur cadre de compétence.
Dans une vaste salle, nous pouvions visualiser, quasi instantanément, les différents secteurs couverts à l’intérieur du bâtiment, aux abords immédiats et à toute la périphérie. Plusieurs prestataires différents ont donné accès à leur système vidéo pour l’occasion (RATP, SNCF). La zone de compétence de ce complexe et de son activité se situant sur les deux départements, de Seine Saint Denis et du Val d’Oise, ont nécessité le concours des autorités administratives compétentes territorialement.
Tous les services réunis disposaient d’une interaction permettant de réagir rapidement face à chaque demande ou circonstance particulière et de répondre, quasi instantanément à toute sollicitation afin d’affecter les moyens humains et techniques adéquats pour répondre au problème rencontré.
A titre d’exemple, un changement d’itinéraire peut être envoyé à une équipe de protection rapprochée. Une équipe de détection d’explosifs peut intervenir suite à la constatation d’une valise abandonnée. Des interventions médicales avec évacuations sanitaires peuvent être mises en place. Toutes les autres thématiques de sécurité comme déminage, santé secours, incendie, infirmeries, risque NRBC sont traitées.
Pendant la COP 21, trois briefings étaient organisés par jour, ils réunissaient tous les responsables présents sur le site. Deux pôles différents avaient été identifiés : Ordre public et Sécurité extérieure. La mise en place de ce PCO a nécessité une année de travail préparatoire. Cet entrainement a permis, pendant la COP 21, de constituer les équipes et de parvenir à déterminer un modus operandi adapté à chaque intervention en faisant intervenir les effectifs adaptés. Celle longue période de préparation a également permis de répondre à toute menace supposée comme par exemple l’installation d’obstacles anti intrusions pour prévenir toute tentative de véhicule bélier. La préparation d’une bonne exécution ne peut être que le résultat d’un travail d’équipe. Par la suite, les différentes entités, responsables et hauts responsables du département ont été pleinement associés. Dans la préparation, comme dans l’exécution, la complémentarité a été le vecteur principal de réussite. Toute la chaine de hiérarchie administrative a fonctionné. Un débriefing interviendra selon une méthodologie mise en place après chaque grand évènement. Des conclusions seront tirées sur la méthode qui consiste à travailler par groupes résulte des observations réalisées lors des précédentes conférences. Nos collègues étrangers qui seront confrontés à des préparations d’évènements similaires seront les bienvenus pour prendre connaissance de ce retour d’expérience. Le contexte post attentats du 13 novembre a rajouté une complexité supplémentaire dans la mise en place de notre travail mais nous a aussi dotés de moyens juridiques assez conséquents qui ont parfois facilité notre tâche. Cette expérience fut, pour tout le personnel mobilisé, excellente et on pouvait ressentir profondément la mobilisation et la motivation profonde de tous. Et, de façon plus anecdotique, cela m’a permis de rafraichir mon anglais lors des rencontres avec mes collègues de l’ONU.