Posté le 27 février 2012 dans Fantaisies, Genève Internationale, Société | 0 commentaire
Conte de Noël

Conte pour enfants, conte pour adultes, conte de Noël

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C’était l’hiver, un hiver traditionnel dans ce pays d’Europe occidentale en début d’un siècle pourtant touché par une période de réchauffement climatique sans précédent.
La neige était tombée dès le début décembre et recouvrait de son voile immaculé, les montagnes et les plaines. Dans les villes, le buvard gourmand avait absorbé pollutions et grisaille pour laisser flotter cette atmosphère purifiée que rehaussaient les enluminures des sapins ou des guirlandes éclairées.

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Audrey et sa sœur Clémentine s’éveillèrent ce matin de vacances et contemplèrent cette blancheur translucide éclairée par un timide rayon de soleil sur des cristaux glacés qui renvoyaient, de leurs facettes innombrables, les parcelles de lumière. Pourquoi ne pas construire un bonhomme de neige ? s’écrièrent-elles ensemble. Et les voilà, emmitouflées dans des épaisseurs chaudes, pousser, ramasser, accumuler des monceaux de ce miracle de la nature en sculptant tout d’abord, formes improbables, une grosse boule pour le corps et une plus petite pour la tête.  Le travail avançait vite, une vague forme humaine, se révélait peu à peu, façonnée par des petites mains besogneuses et imaginatives. Quelques vieux vêtements, une carotte pour le nez, un chapeau troué suffirent pour achever ce chef d’oeuvre enfantin. Le lendemain matin, alors que le vent avait soufflé fort sous la pleine lune, le bonhomme semblait avoir changé, les traits de son gros visage étaient plus marqués, presque expressifs. Il paraissait même les regarder avec ses boutons de manteau en guise d’yeux. Alors qu’elles se dirigeaient vers lui, elles entendirent un son étrange et répétitif, trois « oh, oh, oh » prononcés plusieurs fois par une voix caverneuse. Était-ce le vent ? Elles se retournèrent en tous sens sans comprendre d’où provenait cette mélopée envoûtante. Le lendemain matin et les jours suivants, elles l’entendirent à nouveau mais furent incapables de localiser son origine. Dans le même temps, chaque jour, le bonhomme semblait changer, façonné par les éléments. Un matin, les deux enfants comprirent enfin d’où venait cette voix : c’était le bonhomme, il parlait !  « Comment t’appelles-tu ? » « Mon nom est Nature, je vis sur cette planète depuis son origine, j’ai connu toutes les espèces qui se sont succédées au fil des millénaires. La vôtre est vraiment étrange ! Elle pense que le monde lui appartient alors que c’est le contraire. Vous qui êtes des enfants, pouvez- vous faire passer ce message ? » Ce fut sa plus longue phrase.
L’hiver passa pendant lequel les fillettes venaient chaque jour parler au bonhomme qui leur apprenait simplement à observer. Un beau matin, alors qu’elles se préparaient à aller voir leur ami, la neige avait fondu, le bonhomme était devenu flaque. Une vague d’un froid glacé leur enserra le cœur. Pourtant, quelque part au-dessus d’elles, elles entendirent ce « oh, oh, oh » qu’elles connaissaient si bien. Habituées désormais à observer leur environnement, elles levèrent les yeux et aperçurent un nuage au milieu d’un ciel azur : il avait la forme exacte du bonhomme !
Quelques années ont passé, les enfants sont devenues adultes. Chaque hiver, la neige leur rappelle ce souvenir qui a façonné leur perception de la nature, leur approche vers les autres et leur message est toujours celui du bonhomme de neige : « le monde ne nous appartient pas, nous appartenons au monde ».
Cette phrase simple, si elle était comprise et appliquée par tous les humains, « puissants ou misérables », changerait l’humanité peut être, la face du monde sûrement.

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