Nicolas Émilien, écrivain
Vols low cost toujours plus nombreux, navires marchands et de croisière toujours plus démesurés, plus de clim au Nord lorsque le Sud de l’hémisphère s’enflamme.
Plus de voitures électriques pour « nettoyer » notre conscience, plus de densification géographique, plus d’armes pour garantir notre paix, plus de surveillances pour identifier les pensées contestataires et réactionnaires…tout cela procède du même dogme économique.
La stratégie qui consiste à laisser monter les antagonismes entre les communautés et entre les peuples relève également du même système dogmatique. C’est comme ça, nous sommes comme ça : des machines formatées par la religion du néo-libéralisme. Dès que nous gagnons une once de liberté ou un espace d’expression nous rentrons en compétition les uns contre les autres, nous luttons contre, abusons, méprisons, salissons, violons notre bien commun et réduisons à néant notre humanité entre nos luttes intestines et notre supériorité maladive. À bien nous observer, nous n’obtempérons que sous la contrainte, en face de la sanction nous ralentissons, menacés par une autorité nous avançons autrement. Nous sommes incapables de nous auto réguler et de nous auto-discipliner. Parce qu’en vérité dans notre monde (États, gouvernements, institutions, organisations supranationales…) toute l’édification de notre civilisation repose sur des rapports de force régis par des puissances économiques.
Alors on ne lâchera rien. Rien ! C’est comme ça, nous sommes comme ça. Ceux qui pourraient changer les choses, une minorité, l’idée leur fait horreur, ceux qui ne peuvent pas, la majorité, pour eux la question ne se pose pas. Qu’ils soient en Occident, en Asie et en Afrique, leur objectif premier est de vivre, voire uniquement de survivre et peu importe le comment, et à la fin du fin, atteindre une certaine aisance matérielle. Le véganisme, l’harmonie des corps, le manger « bio », le respect de la vie animale, l’écologie et le « sans plastique »… bien que de nobles idéaux, ces concepts leur sont étrangers parce qu’à des années lumières de leur quotidien. Bien sûr, la planète est vivante et mène également son évolution, mais nous avons, nous humains, nous le savons pour sûr, amplifié son mouvement. Ce n’est pas que nous sommes des êtres déraisonnables, non évidemment, nous sommes simplement des êtres domestiqués par nos États, sevrés à l’info, à l’intox et donc complètement assistés et soumis par des forces extérieures. En clair, complètement coupés de notre véritable nature, de notre lien à la Terre et de nos instincts. En vérité, nous sommes pétris par nos contradictions et la peur est devenue notre fidèle compagne au sein de nos univers ultra-concurrentiels.
C’est ainsi, nous attendons juste que l’autre bouge en premier (le voisin, le pays, le politicien, les politiciens, les autres…). Nous attendons qu’ils agissent, qu’ils changent de manière de vivre, qu’ils nous ordonnent de changer et nous obligent de nous comporter autrement, mais rien… Parce que les intérêts immédiats des uns servent les intérêts secondaires des autres et vice-et-versa. En fait, le mieux serait qu’ils changent à notre place, ces autres, et même qu’ils vivent autrement sans que nous ayons à modifier quoi que ce soit, voire tout simplement qu’ils soient rayés de la carte ! Alors chacun attend en essayant bon gré mal gré de tirer la couverture à lui, cela vaut pour les États comme pour les individus, c’est-à-dire chacun d’entre nous.
Nous irons donc jusqu’au bout de nos ressources et de la destruction de notre habitacle. C’est une certitude et ce n’est pas être pessimiste, ni même intelligent de le reconnaître, juste lucide. Puisque nous n’agissons pas en unissant nos forces populaires positivement, la non-action commune est donc notre choix collectif. Dans cette mesure, nos choix politiques sont le reflet de notre volonté démocratique et la voix de la sagesse ressemble à cet angelot qui fait pipi au milieu de son bassin, il nous fait du bien le temps d’un selfie, et puis c’est tout.
Références :
Comprendre le réchauffement climatique :