15 novembre 2015
New York, 14 septembre 2001, notre détachement sécurité de l’ONU Genève vient renforcer les effectifs.
Trois jours après les évènements, une longue volute de fumée pointe, tel un doigt gigantesque, visible depuis des kilomètres, le point d’impact pour situer précisément le lieu du massacre. Des drapeaux américains pavoisent quelques fenêtres d’immeuble. Dans la rue, l’atmosphère est pesante, les gens marchent, abasourdis, pleurant, criant. D’énormes panneaux avec des photos portent la mention « missing ». Les regards se croisent, il semble que la douleur crée un réel partage parmi les passants d’ordinaire davantage préoccupés par leur rythme de vie infernal. Des fleurs, des bougies sont posées, çà et là des personnes se recueillent.
Paris, 13 novembre 2015, déjà vu, déjà vécu, le cauchemar recommence. La même abomination, les mêmes réactions d’humanité de la population partagée entre la peur, l’horreur et le sentiment naturel de haine contre la lâcheté absolue à frapper ceux qui sont sans défense. Il est humain, presque instinctif de sombrer dans la haine ordinaire. Je pense même que sur le moment je serais le premier à tirer dans ces terroristes rebus d’humanité.
Il pourrait être considéré comme facile de fustiger l’incapacité des gouvernants à traiter le problème où il se trouve. Et pourtant, qui laisse se développer des comportements extrémistes qui se revendiquent d’une religion alors qu’ils ne sont que des criminels à qui des circonstances favorables sont offertes ?
Ces dirigeants, tous pays confondus, bien engoncés dans la réalité virtuelle de leurs bureaux, au conseil de sécurité de l’ONU ou de leurs G20 surprotégées qui se rappellent soudain que ceux dont ils sont censés avoir la responsabilité meurent au coin de la rue. Que dire de leur indécence absolue quand ils prononcent des discours lénifiants qui laissent transparaître une opportunité électorale supplémentaire !
Le mal est profond, les intérêts concomitants commandés par l’appât du pouvoir, les lobbies de l’argent constituent justement un terreau fertile dans lequel la mandragore du terrorisme international plonge ses racines de plus en plus profondes.
Que s’est-il passé depuis près de 15 ans dans nos sociétés occidentales ? Qui sont les responsables, les terroristes bien sûr ! Mais également, et parfois même surtout ceux qui leur ont permis de développer leur stratégie malsaine en laissant faire parce que trop préoccupés par leurs propres échéances et intérêts.
A quelques jours d’une réunion planétaire à Paris, destinée à envisager l’avenir d’une société, ce sont justement eux qui doivent décider… réaliseront- ils enfin que tout est lié sur une petite planète dont nous ne sommes que locataires provisoires ?
L’égoïsme, le gaspillage au nord tandis que d’autres meurent au sud, la non prise en compte de l’avenir pour des générations futures : tout est lié et les comportements criminels ne constituent qu’un point d’exclamation sanglant à cette longue litanie de désastres.
L’humanité peut être ignoble dans ses comportements, elle peut être aussi magnifique si elle décide de mettre un terme à cet égoïsme. En ces jours de deuil, le message d’espoir et de bienveillance est lancé par ceux que nous croisons dans les rues, qui font la queue pour donner leur sang devant les hôpitaux.
La même larme salée qui coule dans l’océan des yeux de celui ou de celle que je ne connais pas reste la meilleure réponse pour l’espoir d’un monde meilleur.