A une période que certains estiment comme cruciale pour l’humanité, à la veille du sommet COP 21 qui se réunira en novembre à Paris, certains acteurs de la société civile souhaitent de plus en plus participer, dans la mesure de leurs moyens, en proposant des solutions pour un monde meilleur.
Christian David
Alternatiba focalise cette volonté affirmée en organisant plus de 70 évènements destinés à rassembler les acteurs et à informer la population sur les conséquences de l’évolution du climat et l’absurdité d’une société humaine qui agit en ignorant que ses actions peuvent hypothéquer son futur sur cette petite planète.
Du 18 au 20 septembre dernier, la plaine de Plainpalais à Genève et ses alentours, étaient pavoisés de stands divers et variés présentant des alternatives à cette consommation effrénée et des solutions vertueuses pour diminuer cet impact sur l’écologie.
Deux des principaux organisateurs de cet évènement nous reçoivent :
Camille Bierens de Haan et Olivier de Marcellus, pimpants sexagénaires, sont depuis presque toujours fortement impliqués et militants dans la cité. Ils proclament sans relâche une approche davantage tournée vers le respect par l’homme de son environnement par une éco attitude en incluant des valeurs de justice sociale. Camille se donne sans compter pour que toute la région du « Grand Genève », au-delà des frontière puisse participer grâce notamment aux assises transfrontalières (www.assisestransfrontalieres.org).
Olivier, fidèle à ses convictions, a assisté en 2013 au premier village Alternatiba qui s’était déroulé à Bayonne. De retour à Genève, il n’a eu de cesse de convaincre son entourage de la nécessité voire de la légitimité pour une cité comme Genève de rassembler ces énergies. Sur le principe, il a recueilli l’adhésion. Pourtant, la tâche ne fut pas aisée : trouver un budget, des volontaires pour la mise en place, recueillir le soutien des autorités et enfin faire appel aux exposants. C’est ainsi que toute l’équipe d’organisation a essuyé les plâtres et multiplié les difficultés qui tournaient parfois au véritable casse-tête.
Le soutien des autorités, la sympathie de la ville de Genève et de l’agenda 21, du programme des Nations Unies pour l’environnement, l’hébergement gratuit des bureaux octroyés par la cité de la solidarité, ont permis au projet de devenir réalité grâce à l’acharnement et à l’implication de toute une équipe. La promenade du week-end de septembre dans ce village alternatif au centre de Genève ne laissait aucunement transparaître des difficultés de mise en place. De nombreux stands, quelques 250 associations, des centaines de bénévoles aisément reconnaissables à leurs tee-shirts verts, s’activaient au milieu de la foule. La déclinaison des 18 thèmes abordés sur les stands passait de l’éducation, à la mobilité, les médias, la solidarité, la consommation responsable ou encore l’agriculture.
Chaque visiteur devait payer ses consommations, ses achats en lémans : 1 léman =1 CHF = 1 €uro. Cette monnaie n’a plus rien de virtuel sera désormais utilisable des deux côtés de la frontière. Les commerçants et prestataires qui acceptent les lémans s’engagent à privilégier les circuits courts et participer à une consommation locale et ainsi à multiplier les échanges.
Le public, estimé à 35000 visiteurs pour le week-end, pouvait constater que des solutions locales pour consommer, pour vivre et partager sont disponibles et accessibles immédiatement pour peu que les autorités des états soient véritablement à l’écoute. Cette initiative ne stigmatise pas ou très peu ces autorités en les montrant du doigt mais demande à ce qu’ils fassent fi des pressions imposées par des intérêts qui vont souvent à l’encontre des populations qui les ont élues. Cette démarche mise en place ne se limite donc pas à une inquiétude relative aux conséquences d’un réchauffement climatique. Alternatiba accompagne une réflexion sur les conséquences du mode de fonctionnement de notre société. Chaque participant propose, à son échelle, une petite solution, laquelle, combinée aux autres, a pour but de faire évoluer les comportements. L’interrogation se porte également sur la capacité de nos dirigeants à mettre en place une politique plus réfléchie, avec une vision davantage tournée vers les générations futures que vers les intérêts à court terme, qu’ils soient électoraux, financiers ou autres…
Gallerie Photo : Cléo Bise
Le pessimisme ambiant qui était de mise après la dernière conférence sur le climat à Copenhague peut-il laisser la place à un optimisme modéré ? Cette question difficile appelle des réponses mitigées tant l’attente est importante et les obstacles évoqués brièvement semblent incontournables. Alternatiba Genève aura de toute façon réussi cette mobilisation. Il reste aux forces de la société civile réunies sous une même bannière, à savoir encore davantage mobiliser les politiques par leur capacité et leurs solutions éprouvées. Il s’agit pour eux de devenir également des interlocuteurs devant tous les dirigeants des Organisations Internationales présentes à Genève auxquelles ils avouent n’avoir que très peu accès et auxquelles ils voudraient faire passer ce message, validé par une grande partie de la population. La Genève Internationale sera en effet présente et impliquée dans la conférence sur le Climat. Outre son expertise sur tous les sujets qui y seront développés, pourrait-elle prendre en compte cet appel populaire et pressant d’une population qui devient de plus en plus concernée ? La question est posée.